L’ambitieux « Plan climat » de Cuba

Jamais auparavant autant de gens n’étaient descendus dans la rue pour la justice climatique. Cela n’empêche pas nos quatre ministres du climat de continuer à se disputer sur un plan climatique cohérent. Cuba, lui, a un plan climat : la « Tarea Vida » (« Plan pour la vie »). Planifié pour s’étaler au cours des 100 prochaines années, il prévoit plusieurs mesures pour protéger Cuba des conséquences du changement climatique.

La vision à long terme de Cuba contraste avec la politique des pays capitalistes, trop souvent dictée par les multinationales qui font primer le profit à court terme.

Cuba est déjà frappé par l’érosion des côtes plus fortement que ce que les scientifiques avaient prévu. La mer des Caraïbes grignote la côte sud de Cuba de plus d’un mètre par an. D’ici 2050, cinq villages côtiers du sud de l’île au moins devraient être rayés de la carte. D’ici 2100, ce nombre passerait à 122. Le nombre des ouragans très violents qui frappent Cuba augmente. Les ouragans poussent les eaux de la mer plus à l’intérieur des terres et entraînent la salinisation des eaux douces et des champs.

Une des mesures les plus urgentes est le reboisement des mangroves, qui constituent une zone tampon naturelle pour la côte cubaine. Mais le bois des mangroves est souvent utilisé comme combustible par la population locale, qui lui prête également des vertus médicinales. Il faut donc œuvrer à un changement de mentalité auprès des autorités locales afin de préserver la ligne côtière cubaine. La plantation de mangroves prend du temps et s’effectue au coup par coup. En 2018, Cuba a mobilisé plusieurs brigades de plantation de nouvelles mangroves, ce qui a permis de reboiser quelque 36 000 hectares.

Une vision sur 100 ans

Cuba est depuis longtemps un pionnier en matière de durabilité. Le système cubain d’agriculture urbaine biologique est l’un des plus avancés au monde : il interdit l’usage des pesticides chimiques et arrive à faire face à 70 % de la demande maraîchère dans les grandes villes de Cuba. Le plan climat cubain, entamé en 2017, a l’ambition de préparer l’île caraïbe aux conséquences du changement climatique du 21ème siècle.

Le plan interdit toute nouvelle construction dans les zones côtières menacées, mais tient également compte des besoins des communautés locales. L’État cubain déplace les habitants des villages côtiers menacés vers des régions plus sûres. La première étape est toutefois la conscientisation des villageois : mieux informer ceux-ci des conséquences précises du changement climatique et, surtout, impliquer ces populations contraintes à quitter leurs villages submergés dans la planification et la mise en œuvre de leur déménagement vers leur nouveau lieu de vie.

La vision à long terme de Cuba contraste avec la politique des pays capitalistes, trop souvent dictée par les multinationales qui font primer le profit à court terme. Les promoteurs immobiliers de notre littoral savent parfaitement que la côte est menacée par le réchauffement climatique et que les plans de préservation des côtes ne servent pas leurs intérêts. À Cuba, par contre, la politique est déterminée par les besoins de la population et non par le profit.

Campagne de Pâques pour les communautés côtières

Le Centro Felix Varela, le partenaire cubain de Viva Salud et Cubanismo.be, est actif depuis de nombreuses années dans les communautés les plus vulnérables. Avec la campagne de Pâques de cette année, nous soutenons le travail éducatif du Centro Felix Varela dans les communautés côtières cubaines qui devront se relocaliser à moyen terme en raison de la montée des eaux de mer. En raison de son expertise et de ses bonnes relations avec la population, les autorités locales travaillent en étroite collaboration avec le Centro Felix Varela pour mettre en œuvre le plan climatique national.

L’argent récolté lors de notre campagne annuelle de Pâques pour Cuba sera destiné au Centro Felix Varela.