Dr. Mohanna (Gaza) : « Certains territoires sont fermés, ce qui fait que les vaccins n’arrivent pas dans les hôpitaux. »

vaccination Gaza

Alors qu’Israël a déjà vacciné plus de la moitié de sa population adulte, le peuple palestinien doit faire face à une pénurie de vaccins. Pire encore, à cause du blocus et de l’occupation par Israël, il arrive que les vaccins n’arrivent même pas à destination. Nous avons interviewé le Dr. Ahmad Mohanna, directeur de l’hôpital Al Awda de l’UHWC, notre partenaire à Gaza.

Comment se passe la campagne de vaccination en Palestine, en particulier dans la bande de Gaza ? 

Actuellement, le nombre de contaminations à Gaza augmente de jour en jour. Les mesures ont donc à nouveau été renforcées. Une interdiction de sortie après 19h a été réintroduite. La campagne de vaccination à Gaza a du mal à démarrer et ne se déroule que dans les hôpitaux du Ministère de la Santé pour des personnes de plus de 50 ans ou souffrant de maladies chroniques. Les moins de 50 ans doivent encore attendre car nous manquons de vaccins.

Quels sont les principaux obstacles ?  

L’occupation israélienne est un obstacle important. Elle retarde la livraison de vaccins à Gaza, ce qui crée des problèmes pour l’administration de la deuxième dose. Et il y a aussi des obstacles au sein de la population. Les nombreuses rumeurs qui circulent au sujet des vaccins créent de la confusion et des doutes quant aux avantages et à la sécurité des vaccins.

Les hôpitaux manquent cruellement de moniteurs ainsi que d’appareils à oxygène et d’assistance respiratoire. L’augmentation du nombre de contaminations ne fait que rendre cette pénurie encore plus aiguë. Les frais de fonctionnement des hôpitaux ont fortement augmentés suite aux achats de masques, de gants et de gel hydro-alcoolique.

Quelles solutions imaginez-vous ?

La communauté internationale doit être davantage attentive à la situation critique de Gaza. Les campagnes de sensibilisation des ONG et des organisations médicales jouent un rôle important dans l’information et la sensibilisation de la population.

En outre, les forces d’occupation portent une lourde responsabilité par rapport aux populations de Gaza et de Cisjordanie. Elles doivent veiller à ce que les vaccins arrivent suffisamment à temps dans les territoires occupés. Mais certains de ces territoires sont actuellement entièrement fermés, ce qui empêche l’arrivée des vaccins dans les hôpitaux.

Quel est votre rôle, et celui des mouvements sociaux face à cette situation ?

Pour le moment, nous nous concentrons principalement sur le combat contre le coronavirus. Avec l’aide de nos bénévoles, nous sensibilisons la population au sujet des mesures de sécurité, tant en ligne que via nos centres de santé dans les différents quartiers.

Nous organisons aussi des formations sur la façon d’affronter le coronavirus, sur les avantages des vaccins ou encore sur la façon dont nous pouvons inciter les médias sociaux à s’investir dans la conscientisation de la population. Bref, nous essayons de relier les gens à travers diverses initiatives.

Les mouvements sociaux ont un rôle important à jouer dans le soutien aux institutions sanitaires publiques dans le combat contre la pandémie. Surtout dans cette période difficile et dans un contexte économique qui était déjà mauvais dans la Bande de Gaza. Les mouvements sociaux peuvent mobiliser les gens, par exemple lors d’actions en rue pour attirer l’attention sur le courage des soignants et des travailleurs en première ligne, et récolter des fonds supplémentaires pour renforcer les institutions sur place dans la lutte contre le corona. Ils organisent également des actions de récolte de fonds pour aider les familles les plus pauvres.

Grâce à notre collaboration avec Viva Salud, nous pouvons aussi contribuer au débat politique international autour de la levée des brevets sur les vaccins et de l’accessibilité de ces vaccins partout dans le monde.

Regardez également le webinaire sur l’apartheid vaccinal israélien avec Ubai Aboudi, directeur du Bisan Center for Research and Development, notre partenaire palestinien.

Interview réalisée le 22 avril 2021