RD Congo : La lutte contre le coronavirus et l’accès à l’eau
Pour le moment, le nombre de contaminations et de décès dus au Covid-19 en RD Congo reste moins élevé que ce que l’on avait pu craindre au début. Néanmoins, convaincre les gens de se protéger correctement est un travail de longue haleine. La propagation du virus doit être freinée coûte que coûte pour éviter une catastrophe sanitaire. Dans une série d’interviews, nos partenaires expliquent comment ils s’y prennent, malgré les nombreux obstacles.
Et parmi ces obstacles, il y a le problème de l’accès à de l’eau potable. Nos partenaires Etoile du Sud et CODIC mènent campagne depuis des années sur l’accès à l’eau, et aujourd’hui, cette question est plus que jamais cruciale.
Quel a été l’impact des mesures corona sur votre travail ?
Aziza Mupa Kasiama, responsable de ‘De la Racine aux Ailes’, organisation membre de notre partenaire congolais CODIC : « Nous avons été privés de notre liberté de mouvement. Ceux qui avaient du travail ne pouvaient plus travailler. Avec « De la Racine aux Ailes », nous sommes allés parler aux autorités pour leur expliquer que nous sommes une organisation membre de CODIC, une organisation sociale dont l’objectif est de sensibiliser ses membres. Mais nous ne pouvions plus nous réunir à plus de 20 personnes. »
Comment avez-vous pu poursuivre votre travail ?
« Nous avons formé un groupe de trois personnes suffisamment expérimentées, des personnes solides. Car lorsque nous allons visiter les gens chez eux, ils nous disent souvent : « non, non, non, ne venez pas à cause du corona. » Mais nous devions faire passer notre message, qu’ils devaient se laver les mains et bien se protéger.
Nous avons aussi été trouver les autorités pour leur dire que nous devions avoir de l’électricité pour pouvoir suivre les nouvelles à la télévision. Ce n’est pas possible pour le moment parce qu’il n’y a pas de courant. Nous sommes supposés aussi nous laver les mains mais il n’y a pas d’eau ! Nous avons alors reçu deux mois d’eau gratuitement mais comme l’approvisionnement est souvent déficient, nous n’en avions pas beaucoup. »
Brigitte Bikumba, présidente de ‘Dynamique des Femmes’ d’Etoile du Sud: « Prenez Kalamu, une commune connue pour son insalubrité. Il n’y a quasi pas d’accès à l’eau. Les gens étaient prêts à suivre les mesures d’hygiène prônées par les autorités mais ils n’avaient tout simplement pas d’eau pendant ce temps.
Pour faire bouger les choses, nous ne pouvions pas rester à la maison et ne rien faire. Nous avons donc été en petit groupe informer nos membres de l’existence de cette maladie. Nous avons fabriqué des affiches et des banderoles. Nous sommes allés faire du porte à porte pour informer les gens et leur expliquer comment se protéger pour ne pas être contaminé. »
Comment pouviez-vous convaincre les gens des mesures préventives s’ils n’ont même pas accès à l’eau ?
Lors de nos actions de prévention, nous avons pu constater que tout le monde n’a pas les moyens d’acheter une solution hydro-alcoolique ou un produit désinfectant. C’est pourquoi nous avons donné ce conseil à nos membres : « Si vous n’avez rien, utilisez les cendres ». Les cendres sont efficaces pour se désinfecter les mains, pour faire la vaisselle, pour nettoyer les toilettes ou pour l’entretien des équipements sanitaires. Nous avons donc conseillé d’utiliser des cendres. C’était la façon la plus facile de toucher presque tout le monde.